Toi qui lis cette lettre, si tu es arrivé ici car tu souhaites démissionner de l'éducation nationale sache que c’est très facile, tu fais ta lettre, tu l'envoies à l'inspection académique, enfin le nouveau nom qui remplace, tu vas au rdv avec le directeur acad, tu montres que t'es pas fou et que t'as bien compris ton acte, tu confirmes par courrier et c'est fait !!
Par contre, si tu veux partir car tu trouves que c’est dur de vouloir innover dans cette institution, HALTE ! C'est la seule chose intéressante que m'est dit le directeur "l'éducation nationale a besoin d'enseignants novateurs" sur le coup je me suis dit "ok c'est bon pour le autres , pas pour moi !" Après réflexion, c'était peut-être un peu voir à court terme. Innover en dehors c’est pas évident financièrement et logistiquement et surtout au moins d'un mécène c'est compliqué de ne pas faire de l'élitisme. (Cependant c'est possible bien sûr, surtout avec un groupe solide.) Alors oui c'est vrai l'éduc nat a besoin de novateurs. Et puis si la question te tient tellement à cœur que t'en peux plus de voir œuvrer tes collègues, alors souffle, va prendre soin de toi, voyage à l’intérieur ou à l’extérieur et reviens plein de force ou pars quand t'es sur d'élaborer mieux en dehors car la question elle te lâchera pas, n'y pense même pas ! Si c'est dur là tout de suite, prends une dispo ou un mi-temps et laisse mûrir !
Monsieur
le Directeur académique,
En
septembre 2004, j’étais très heureuse d’entrer à l’IUFM de
Guéret, un lieu très chaleureux avec des formateurs aux qualités
humaines certaines, dans la préfecture de mon département auquel je
suis tant attachée. En juillet 2005, j’étais heureuse d’obtenir
le certificat d’aptitudes au professorat des écoles, même si dans
les derniers jours d’attente, je m’étais faite à la possibilité
de ne pas l’avoir et de poursuivre mes études en physique
quantique. En septembre 2006, j’étais heureuse d’être nommée à
l’école de Saint Silvain, à douze kilomètres de ma
ville natale dans laquelle j’étais bien contente de poser mes
bagages.
Pas
un jour je n’ai regretté de glisser la clef dans la serrure de ma
classe. Pas un jour je ne me suis lassée de regarder le paysage qui
environne ce village muet en dehors des heures scolaires. J’ai
passé cinq années inoubliables dans cette école, j’avais une
classe de cycle 3, j’étais seule enseignante. Je me suis investie,
j’y ai passé beaucoup de temps, d’énergie. Cette école, cette
classe, ces enfants, c’était ma passion, ma vie. C’était comme
une bulle, un espace à part, notre espace à nous. J’ai eu une
relation très forte avec mes élèves, bien plus forte que ce que
l’on demande à un fonctionnaire, bien plus humaine, bien plus
vraie. Chaque année, nous partions en classe de découverte, j’ai
passé cinq semaines exceptionnelles, des vacances, du pur bonheur.
Des intervenants, aussi sympathiques que compétents sont venus très
régulièrement nous faire partager leur passion, que ce soit le
chant, la danse, l’escrime, la peinture, l’environnement ou le
rugby.
Au
fil des années, je me suis éloignée de la pédagogie classique, ma
vision de l’enseignement, de l’éducation a évolué. J’ai mis
en place des fonctionnements différents, j’ai beaucoup observé,
expérimenté. Les tables, les meubles, l’emploi du temps,
l’organisation, tout bougeait en fonction du groupe, de mes
observations, de mes réflexions. Je me suis beaucoup intéressée à
la psychologie de chaque enfant, j’ai essayé d’agir de manière
à ce que chacun gagne confiance en lui, se sente reconnu, puisse
s’exprimer, s’épanouir. J’ai initié les enfants à la
communication non violente, à la vie en collectivité (pour de vrai,
pas juste à rester assis les uns à côté des autres), à œuvrer
ensemble pour que chacun puisse développer ses capacités et devenir
autonome. Je n’ai pas appliqué une méthode, une pédagogie, j’ai
cherché tout en pratiquant. En 2010, j’ai rencontré Bernard
Collot et ses travaux*, très riches, qui méritent d’être lus par
les professionnels de l’éducation, par les parents, par tous en
fait. Leurs lectures ont accéléré mes réflexions sur l’école.
Bien
sûr, tout n’a pas été parfait, bien sûr tout ne s’est pas
passé comme je l’aurais souhaité, j’ai fait de mon mieux en
fonction de mes propres dispositions du moment. Je me suis parfois
emportée manquant de patience avec des enfants pour lesquels je ne
savais plus quoi faire, je n’ai pas assez communiqué ou pas
correctement avec des parents, des collègues, des personnes de
l’équipe éducative ou des élus. Mon bureau, ma classe ont
souvent connu le désordre, je n’ai pas renvoyé dans les délais
et, parfois même pas du tout, tous les papiers nécessaires à
l’inspection, j’ai survolé plutôt que lire de nombreux courriers
du jeudi. Je n’ai pas été attentive dans les réunions de
directeurs et n’ai jamais assisté aux vœux du maire, pas plus
qu’aux défilés de l’armistice. Je n’ai pas accordé autant
d’importance que le souhaiterait un inspecteur veillant à
l’application des programmes 2008 à la tenue des cahiers, à
l’apprentissage des règles d’orthographe du pluriel des noms, à
la récitation des tables de multiplication. Cependant, je dois dire
que je suis assez satisfaite de ce que deux ou trois années passées
dans ma classe ont pu apporter à plusieurs enfants. Fin 2011, j’ai
écrit un court témoignage (qui peut être lu et/ou commandé depuis
mon blog) sur mes « cinq années de maitresse » dans
lequel j’aborde plusieurs activités qui ont fait sens pour moi,
illustrées de petites histoires vécues avec les enfants.
En
avril 2011, j’ai demandé une disponibilité. Je sentais que
j’avais atteint les limites de ce que je pouvais mettre en place
dans mon école, il m’était impossible de continuer à avancer
sans plus d’hétérogénéité. D’autre part, je pense qu’il
était temps pour moi de faire autre chose que d’aller à l’école,
je n’avais pas manqué une seule rentrée scolaire ou universitaire
depuis 1985 (et toutes dans un rayon de 90km d’Aubusson).
Cette
année, a été très riche, pas grâce aux voyages comme je l’avais
prévu, riche d’amitié, de rencontres, de libertés. J’ai évolué
vers plus de compréhension, plus de connaissance et de conscience de
moi-même. Je me suis intéressée à la spiritualité et à
la physique quantique, et à ce qui en découle dans le domaine de
la santé, du bien-être**.
Aujourd’hui,
c’est ma vision de l’enfant, de l’homme, de la vie qui a
évolué. Aujourd’hui, j’ai besoin de continuer à découvrir, à
apprendre, à rencontrer. L’éducation m’intéresse toujours,
seulement j’ai pris beaucoup de recul sur le métier d’enseignant
et je ne suis plus dans le même état d’esprit qu’avant.
Je
ne peux plus envisager aller passer tant d’heures par semaine dans
une salle de classe, seule adulte avec un groupe d’enfants du même
âge.
Je
ne peux plus envisager d’enseigner les programmes 2008, de faire
passer les évaluations nationales, de faire deux heures en plus avec
certains enfants, d’appliquer les réformes de ce gouvernement.
Je
ne peux envisager de travailler sans un réel projet éducatif avec
les collègues, les parents, les élus, les habitants et les enfants.
Je
ne peux envisager de travailler avec un rythme qui ne respecte ni les
besoins biologiques, ni le rythme des saisons.
Je
ne peux envisager de travailler dans un espace non adapté, tant par
la taille, que par le matériel, que par l’aménagement.
Je
ne peux envisager de travailler pour une école qui oblige les
enfants à être vaccinés.
En
bref, je ne peux envisager d’enseigner dans les « conditions
classiques » de l’Education nationale.
Ce
qui ne m’empêche de penser que l’école publique pourrait
permettre aux enfants, à tous les enfants, aussi différents
soient-ils, de développer leurs aptitudes dans des domaines aussi
divers que les arts, le sport, la littérature, les sciences, la
communication… en respectant leur nature, leur caractère, en leur
donnant toute la sécurité et l’affection qu’ils ont besoin de
recevoir des adultes qui les entourent, les éduquent, qui leur
montrent l’exemple dans chacun de leur actes, chacune de leurs
paroles.
Je
n’ai pas le courage de continuer dans le système avec l’espoir
de le faire évoluer de l’intérieur. Ce serait trop nier mes
propres besoins, mes propres aspirations. Je ne perds pas pour autant
le sens des responsabilités et j’élabore un nouveau projet
professionnel. J’aspire à travailler, de manière libérale, dans
le domaine du bien-être, j’aspire à aider des personnes, enfants
comme adultes, à vivre mieux, en meilleure santé. Les portes
d’entrée du bien-être sont multiples : relaxation, yoga,
sophrologie, méditation, naturopathie, Qi-gong, thérapies
innovantes, soins énergétiques, massages… Ce sont ces trois
dernières que je compte pousser. Pour cela, j’ai besoin d’être
formée, d’acquérir des savoirs et des savoir-faire, d’obtenir
un certificat pour pouvoir commencer mon activité.
A
terme, j’espère construire, avec des personnes dont les
aspirations sont cohérentes et complémentaires aux miennes, un lieu
de vie, un lieu d’accueil où nous organiserons des séjours, des
stages et des formations et où toute personne pourra venir
découvrir, apprendre, approfondir ou simplement se ressourcer pour
retrouver confiance en elle. Un lieu avec des personnes différentes,
peu importe leur âge, leur handicap, leurs convictions… Un lieu
avec des activités variées : musique, écriture, danse,
agriculture biologique, peinture, pêche, lecture, théâtre,
éco-construction, méditation, sport, cuisine, créations en
poterie, tissu, cuir… Un lieu où l’on redécouvre que chacun est
auteur et acteur de sa vie, où l’on apprend à être responsable
de sa santé, de son bien-être et à en faire profiter ceux qui nous
entourent.
Un
projet idéal bien sûr, un rêve, une aventure. Il semblerait que je
sois de ceux qui ne veulent pas laisser passer leurs rêves, qui
osent prendre la vie comme une aventure.
Lors de ma seconde année
d’IUFM, j’ai rédigé un mémoire sur l’énergie et les
économies d’énergie (bien matérielles celles-ci). En conclusion,
deux idées m’apparaissaient importantes. La première est la
nécessité de temps de philosophie dans la formation des
enseignants, pour réfléchir à toutes les dimensions de
l’enseignement et aux rôles de l’enseignant (à ceux qui ne sont
pas évidents, pas conscients), pour prendre de la distance, pour
réfléchir à la condition d’enfant. La seconde est la nécessité
d’ouvrir au maximum les enfants, sur le temps scolaire, à
différents domaines qui procurent du bonheur, de la joie, qui
permettent de se découvrir, de se connaitre, de s’épanouir :
les arts, le sport (pour se limiter à ce qu’il y a dans les
programmes). A présent, je pense, qu’au cours de cette année
sabbatique, j’ai appliqué ces deux idées à moi-même et que cela
m’a mené sur un autre chemin que celui de l’Education nationale.
Pour me lancer dans ce
nouveau projet, j’ai besoin de mettre un terme à mon premier
métier, qui, je le répète, m’a remplie de joie mais ne me
correspond plus aujourd’hui.
C’est
pourquoi, Monsieur le Directeur, je vous présente ma démission.
Veuillez
agréer, Monsieur le Directeur, mes salutations respectueuses.
PS :
Vous pouvez lire sur mon blog le témoignage sur mes cinq années
d’enseignante que j’ai rédigé fin
2011.http://jemislidee.blogspot.fr/2012/01/cinq-annees-de-maitresse.html
PS2 :
Je suis disponible pour vous rencontrer.
*
Toutes les références sur Bernard Collot sont sur mon blog dans
l’article intitulé « Tout sur Bernard
Collot ».http://jemislidee.blogspot.fr/2011/07/tout-savoir-sur-bernard-collot.html
**
Tout ceci est arrivé dans ma vie dans une quête de guérison, la
médecine allopathique ne pouvant, semble-t-il, rien pour m’aider. Quelques pistes de lecture : le livre « Science et champ akashique »
d’Ervin Laszlo, « Le réveil de la conscience » de
Jacqueline Bousquet et Sylvie Simon, les travaux d’Emile Pinel.
Bonjour, est-il possible de te contacter par mail, j'aurai une question concernant la démission.
RépondreSupprimerBonjour Angéline, tu peux me contacter par mail en cliquant sur mon prénom à coté de ma photo dans "qui êtes vous ?" dans le bandeau de droite.
SupprimerA très bientôt
Ceci est exactement ce que je cherchais! J'aimeras ton blog, ont très bon article. Je viens de mettre un lien sur mon blog. Blogueur www.blogueur.blogspot.com
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